La durée et la persévérance

octobre 4th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #106.

L’humble champignon, vainqueur du bitume, le prouve : la force ultime se révèle dans la persévérance. La durée, avant même le résultat, en est la mesure propre.

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La cicatrice d’un moment

octobre 1st, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #102.

Les moments marquants d’une vie le sont littéralement, car ils laissent des cicatrices.

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La motivation

septembre 28th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #98.

On ne peut pas vraiment motiver les gens. On peut leur prodiguer une première impulsion dans une certaine direction, ensuite l’encourager en les inspirant de façon régulière et fiable. Leur motivation leur est propre, très différente d’un individu à l’autre.

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Une espèce aux bébés particuliers

septembre 26th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #95.

On ne peut que faire le lien entre le goût, manifeste, de la plupart des êtres humains pour le bruit et la cacophonie… et le côté gueulard des bébés de l’espèce, un cas assez unique parmi les mammifères !

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Notre amitié…

septembre 24th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #90.

L’amitié est sentiment pudique. Aussi faut-il considérer avec méfiance ceux qui, trop facilement, proclament : “ notre amitié ! ”. Souvent, ils mentent sur leurs sentiments réels… et sont enclins à manipuler ceux de leur vis-à-vis.

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Un cauchemar

septembre 23rd, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #88.

Ai fait un cauchemar : mes livres tous sortis de leur place de rangement agencée, remis n’importe comment dans les bibliothèques. J’en ouvre un, les lettres à l’intérieur sont disposées au hasard, sans aucun sens.

Je me suis rarement réveillé dans un tel état d’angoisse.

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Le Grand Marteau et ses petits clous

septembre 22nd, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #86.

Dans un éblouissement nébuleux, certains ont vu un grand marteau dans le ciel. Depuis, pour eux, le monde est entièrement fait de clous.

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L’amour en justification du mal

septembre 21st, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #84.

L’amour se révèle souvent un moteur surpuissant poussant à agir dans un sens contraire à l’éthique – pour faire du mal, en définitive. On aime un tel, ou tel peuple, ou telle espèce… on s’estime alors moralement habilité à commettre toutes les exactions possibles contre le concurrent ou l’adversaire de l’objet d’amour exclusif.

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Le clin d’œil

septembre 19th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #77.

Autant j’apprécie un petit clin d’œil discret, que je vis comme un partage privilégié… autant les clins d’œil appuyés me révulsent. Aussi n’ai-je jamais goûté pastiches et parodies.

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Le bon conteur

septembre 17th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #73.

Je peux prendre du plaisir aux histoires les plus irréalistes, les plus folles, du moment qu’elles sont contées avec charme et intelligence. Sinon, ce n’est qu’un long ennui… cruellement prolongé par d’interminables rebondissements.

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Quelle vérité ?

septembre 12th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #59.

Chaque fois que l’on entend le mot “ vérité ”, il faut s’arrêter. Pratiquer la suspension, l’épokhê des philosophes sceptiques grecs [1].

S’agit-il de “ La Vérité ”, avec deux majuscules… ou de la vérité des choses ? S’il s’agit de la première, il faut comprendre que l’interlocuteur a en tête une forme de Révélation… et s’avère indifférent, voire hostile, à la vérité des choses, celle que l’on découvre par la recherche, la raison et l’expérience. Car il est hostile à la réalité qui, le plus souvent, se révèle réticente à sa Révélation.

[1] Cf. supra le texte no 17, « La suspension du geste ».

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Les croquettes et l’intensité de la prière

septembre 11th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #57.

Ceux qui croient la prière d’autant plus efficace qu’elle s’avère soutenue, me font penser au grand Schahpour, qui nous fixait avec une intensité et une détermination impressionnantes quand il désirait être servi en croquettes.

Il était clair que, pour lui, le nombre de croquettes reçues dépendait de sa concentration mentale. Lui, au moins, n’avait pas tout tort… Son beau regard se révélait parfaitement subjuguant.

Schahpour âgé de 4 mois, photo 2002.01.09. Nous venions de l'adopter à la RSPCA (la SPA australienne).

Schahpour âgé de 4 mois, photo 2002.01.09. Nous venions de l’adopter à la RSPCA (la SPA australienne).

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Faculté perceptive et concentration

septembre 11th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #56.

Enfant, je me révélais plutôt perceptif, tant de mon environnement que dans mes relations. Longtemps, j’ai cru que je percevais bien parce que j’étais capable de me concentrer sur mes perceptions. C’était trivialement vrai, mais si partiellement… que c’était tout faux ! À l’envers, en définitive.

C’est parce que je perçois beaucoup dans mon champ périphérique, visuel ou auditif, que je ressens comme un besoin vital de me concentrer, souvent, tout le temps. Ma capacité de concentration est un effet, pas une cause de ma faculté de perception. Une nécessité de survie. Développée à l’arraché sur ma nature rêveuse. Sinon je deviens fou. Vital rassemblement intérieur… Le samâdhi des bouddhistes.

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Intuition

septembre 10th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #55.

La véritable intuition est un regard éminemment attentif, pas un jugement à l’emporte-pièce.

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Un dépôt bancaire n’est pas ce que l’on croit

septembre 10th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #53.

 Confiez-moi votre argent ! ”, dit le banquier.

Ah oui… C’est cela…

Il faut se méfier du vocabulaire… Beaucoup de gens ne réalisent pas que leur dépôt bancaire est une créance sur la banque, un prêt à celle-ci ; si cette dernière est mise en difficulté, ce prêt, à l’instar de toute créance, risque bien de ne pas être remboursé après l’interminable procédure de liquidation. Surtout si l’on n’est pas soi-même un “ créancier privilégié ”.

Il faut conserver à l’esprit que l’argent confié à une banque ne l’est pas à titre de gardiennage (“ custodianship ”), mais à titre d’investissement auprès de celle-ci… et que la loi protège les débiteurs. Surtout les gros débiteurs.

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Plaire au chef et au groupe

septembre 9th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #49.

Les actes de méchanceté ne sont généralement pas commis par des génies du mal, qui savent ce qu’ils font et qui le font dans leur intérêt bien compris… mais par des suiveurs. Soit qu’ils se soumettent au dit esprit de groupe, soit qu’ils cherchent à se gagner les faveurs du chef… ce dernier se révélant rarement un personnage bienveillant.

Alors, ils rivalisent d’hypocrisie et de veulerie ; s’il leur reste une conscience morale, c’est dans la lâcheté qu’ils participent aux méfaits, collaborant aux plus immondes sans trop de scrupules. Et qu’ils commettent allégrement des crimes contre l’intelligence et la bonne foi. Du moment que cela plaît au groupe ou à son meneur !

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Le félin qui tue et les canidés qui massacrent

septembre 9th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #47.

Il vaut la peine de comparer, dans un film au ralenti, l’expression quasi impassible, la concentration sans frémissement d’un félidé dans sa phase finale de chasse – à la férocité, l’agitation de l’expression, chez les chiens et les loups.

La fascination qu’exerce, dans son action précise, l’altière et fière beauté du félin… réfrène tout frisson de réprobation chez le spectateur sensible à l’élégance. Alors qu’avec les seconds, on se retrouve dans un film d’horreur ! D’autant que le premier tue plutôt vite, d’une morsure efficace qui brise la nuque, ou par une prise suffocante, alors que le plus souvent, chez les grands canidés, c’est une curée épouvantable et une boucherie interminable.

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Le grand désert, refuge ultime des aborigènes

septembre 9th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #46.

En Australie, on entend souvent proférée cette assertion ridicule : que les aborigènes, n’est-ce pas curieux… aiment à vivre dans les déserts extrêmes – ils ne sont pas comme nous, voyez-vous !

De fait, il tombe sous le sens qu’ils n’aiment pas cela du tout ! Ils ont dû fuir les zones tempérées, investies de préférence par les colons britanniques… que les aborigènes trouvaient particulièrement déplaisants, voire dangereux à côtoyer.

S’ils ne s’exilaient pas dans les immensités désertiques, ultime refuge, ils se trouvaient pourchassés jusqu’au dernier par leurs implacables ennemis et systématiquement exterminés des zones tempérées.

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L’opinion d’un seul contre la foule

septembre 8th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #45.

L’opinion d’un seul, solitaire par goût, lorsqu’il s’avère studieux, honnête et raisonnablement intelligent – vaut plus que celle de tous les autres… s’ils ne présentent pas en chacun d’eux-mêmes ces trois qualités jointes.

Car une foule se constitue dans une pulsion aux antipodes de celles-ci… et impose sa direction à chaque individu qu’elle capte. Il suffit de quelques-uns exhibant la mentalité type d’une foule pour que tous ceux-là rassemblés autour d’eux emboîtent le pas… s’ils ne résistent pas activement.

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Les aveugles et le borgne myope

septembre 8th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #44.

Tu ne peux que te tromper, entends-je de la part des aveugles qui m’entourent… puisque nous tous voyons les choses différemment de toi !

Mais une foule d’aveugles voit-elle vraiment mieux qu’un seul borgne, même s’il est myope ?

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L’enfer est pavé de bonnes intentions

septembre 8th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #43.

L’enfer est pavé de bonnes intentions. Des intentions non réalisées… mais aussi, toutes celles qui ont mal tourné – ou trop bien tourné.

Cela étant, quel paradis peut-il être imaginé, construit et maintenu… sans bonnes intentions préalables ? Il faut simplement rester très prudent, se souvenir qu’enfer et paradis se révèlent géographiquement voisins… et ne pas se contenter de bonnes intentions. Il faut suivre de près, de très près, leur mise en œuvre… et s’assurer que les intentions d’origine demeurent intactes.

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La souffrance des autres

septembre 7th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #42.

Il y a ceux qui ne se satisfont pas d’un monde où vive dans la souffrance même un seul être. Il y a ceux qui ne se satisfont pas de ce qu’un seul membre de leur espèce, ou d’une espèce qu’ils aiment plus particulièrement, ait à vivre dans la souffrance. Puis ceux qui limitent leur souci à un peuple, le leur, éventuellement aux peuples qu’ils apprécient. Ceux qui ne se satisfont pas de ce qu’un membre de leur société ait à subir injustice ou souffrance. Ceux qui ne s’en soucient que pour leurs proches…

Enfin, ceux que la souffrance n’interpelle que lorsqu’il s’agit… d’eux-mêmes.

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Connaître et comprendre, pour faire le bien

septembre 7th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #41.

Celui qui est bon doit apprendre à agir avec bonté. Ce n’est pas simple. En effet, pour faire le bien, il faut comprendre ; pour comprendre, il faut connaître. Ainsi la bonté ne devient-elle opérante que jointe à la connaissance, en un couple de forces puissant. Cela exige un grand effort. La paresse ne peut donc pas être une alliée fiable de la bonté…

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Les sociétés humaines se montrent plus féroces à l’égard des gentils que des méchants

septembre 7th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #40.

Les sociétés humaines se montrent plus féroces à l’égard des gentils que des méchants, car les premiers menacent plus sérieusement leurs habitudes.

Plus que tout, on craint l’effet : “ Dans le fond, il a raison… ” – et c’est le danger qu’il faut contrer vigoureusement ! Faute de quoi, la raison pourrait s’associer à la bonté, formant un couple de forces par trop efficace contre l’ordre établi et ses usages.

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Extermination purificatrice des parasites et de leurs hôtes

septembre 7th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #39.

 Il faut exterminer les félidés, afin d’extirper le parasite protozoaire Toxoplasma gondii et la toxoplasmose ! 

Certes… Tant qu’à faire : exterminer l’être humain, afin d’extirper les vers plats parasites, Taenia saginata et Taenia solium, dits vers “ solitaires ”, qui infectent de nombreuses espèces animales mais qui dans leur cycle de reproduction ne peuvent se passer du genre Homo. Bonus : on se retrouverait ainsi à extirper la guerre et la pollution, aussi…

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Odieux à l’égard des plus vulnérables

septembre 7th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #38.

La véritable nature des gens se dévoile dans leur comportement à l’égard de ceux qui ne peuvent se défendre contre leurs dires ou leurs agissements, ou en témoigner.

On remarque le même profil psychologique, odieux, chez tous ceux qui se complaisent à s’acharner sur les plus vulnérables et les plus dénués de parole : femmes, enfants, vieux, malades, employés, prisonniers, plantes, animaux ou… cadavres.

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Pas de morale sociale sans surveillance de tous par tous

septembre 6th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #37.

On observe, on constate : la bonté est une vertu exceptionnelle dans les sociétés humaines. La morale sociale se trouve plus répandue… mais elle est à géométrie très variable.

Par ailleurs, s’il n’est pas imposé, directement ou indirectement, sous la surveillance de tous par tous et sous la menace de sanctions en cas d’infraction, le sens moral devient vite presqu’aussi rare que la bonté.

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Un avertissement

septembre 6th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #36.

Les hommes qui doivent donner priorité aux nécessités de survie… font mieux de ne pas fréquenter ceux-là qui donnent priorité à leurs plaisirs. Une telle fréquentation ne peut que les user, matériellement, énergétiquement, mentalement et moralement. C’est le plus vif péril dans leur vie quotidienne, car le plus séduisant.

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Sens unique obligatoire

septembre 6th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #35.

 La peur est source de toutes les haines ! ” – Hmm… C’est peut-être une simplification excessive ? puisque de son côté la haine engendre la peur…

Crispation de mon interlocuteur, adepte du sens unique et de la linéarité simple : “ Non, non, ce n’est pas comme ça ! Cela ne se fait que dans le sens que je viens d’énoncer ! 

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La bonté, un effort qui n’est soutenu par aucun dieu

septembre 6th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #34.

 Au fond… La Nature est bonne ! ”, entend-on souvent, ou bien “ L’Homme est bon ! ”, ou encore, dans le même registre, “ Dieu est bon ! ”…

Pourtant, devenus fous, les animaux ou les hommes se révèlent rarement aimables. Le plus souvent, ils deviennent, dans la folie, agressifs et méchants. Par conséquent, on voit mal en quoi le fond de quoi que ce soit pourrait être bon…

La bonté s’avère exceptionnelle dans le monde, et quand par miracle elle apparaît, elle demande un effort tenace, de la part de la nature ou des hommes, pour être maintenue. En vérité, cet effort, héroïque et sisyphien, n’est soutenu par aucun dieu.

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La maison du bonheur

septembre 6th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #33.

La maison du bonheur est celle où chacun a le cœur au bonheur de chacun, dans les petites choses comme dans les grandes. Chacun y bénéficie de la gentillesse et de l’attention de chacun ; cela fait naître, chez tous, le désir, constamment revivifié, de coopérer au bonheur ambiant. Certes, rien n’est simple dans l’existence… mais tout se déroule dans un esprit de solidarité et finit dans la joie partagée.

Dans la maison entière, rires, sourires, légèreté, grâce et sérieux renouvellent le sentiment d’éveil ensoleillé de chacun, pour tous. C’est La Maison de Caroline, avec ses petits amis, celle d’un grand album illustré de 1956 [1], celle de mes rêves d’enfant.

[1] Par Pierre Probst.

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Un alexandrin pour Chatoune

septembre 5th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #32.

Quand Chatoune, mignonnette toute grisette, m’accueille de ses grands yeux d’or et d’un petit roucoulement amical, alors, bien sûr, je lui dis noblement, à la Goscinny : “ Je suis, ma chère amie, très heureux de te voir.  [1]

Un alexandrin historique, digne de la jolie petite moricaude.

[1] Dans Astérix et Cléopâtre, un album de 1965 par Goscinny et Uderzo, à la planche 3 l’architecte alexandrin Numérobis s’adresse en ces termes au druide Panoramix : « Je suis mon cher ami, très heureux de te voir. »

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Attentifs et réceptifs

septembre 5th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #31.

Les animaux sont généralement attentifs et réceptifs aux séquences et aux enchaînements de toutes sortes dans leur environnement. Les humains, le plus souvent, se révèlent trop agités ou trop narcissiques pour cela, particulièrement en milieu urbain, ou dans un environnement technologique dit “ connecté ”.

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Livres, mes amis

septembre 4th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #28.

Les bons livres sont des amis calmes, fidèles et fiables. Aussi, quand il faut m’en séparer, quelle tristesse. À l’instar des merveilles qu’offre la nature, je peux rester des heures à les contempler, à les explorer, à réfléchir, à prendre des notes, dans un bonheur toujours renouvelé.

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Jeux à somme nulle

septembre 3rd, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #26.

Nombre de personnes, ainsi que de sociétés humaines, ne comprennent et ne pratiquent que les jeux à somme nulle, ceux où tout gain d’une partie se fait forcément au détriment de l’autre partie.

Il faut reconnaître rapidement ces gens et ces peuples pour ce qu’ils sont, puis les éviter soigneusement, si l’on ne partage pas, soi-même, le goût belliqueux de la confrontation.

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Le rare instinct de la vérité

septembre 2nd, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #24.

On peut croire, très raisonnablement, que l’observation des faits vient avant la théorie – avant leur explication donc. En réalité, on ne peut pas observer correctement sans vision juste d’abord… car rien ne s’avère discernable sans un bon canevas mental.

C’est subtil… et c’est pourquoi seuls quelques-uns ont l’instinct de la vérité.

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L’œil droit et l’œil gauche

septembre 1st, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #21.

Le destin des êtres sensibles et lucides est de marcher les deux yeux grand ouverts, l’un percevant la méchanceté, la bêtise et la laideur, l’autre discernant la bonté, l’intelligence et la beauté.

Cela peut donner le tournis et il ne s’avère pas facile, ce faisant, de garder son équilibre – mais ainsi se trouve-t-on en mesure de survivre… pour connaître quelques moments de félicité.

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Le sacrifice de l’intellect

septembre 1st, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #19.

Quand quelque chose paraît soudain invraisemblable, il est sage et prudent de ne plus trop y croire…

Certains pourtant, à l’instar de Tertullien et d’Ignace de Loyola, y croient d’autant plus. Leur inclination est dangereuse, car elle fait de l’intelligence une ennemie.

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La mission et le pouvoir

août 31st, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #18.

La mission se prend facilement pour un pouvoir – or le pouvoir corrompt ou rend fou, et ainsi se corrompt le message à transmettre, l’œuvre à accomplir. La première obligation du bon missionnaire : la vigilance, de tout moment, à l’égard de son propre goût du pouvoir.

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La vraie raison…

août 30th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #16.

Quand on fait quelque chose, ou qu’on ne la fait pas… il y a toujours une « bonne raison ». Le sage, lui, connaît la vraie raison…

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Montaigne, le très bon compagnon

août 29th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #11.

Admirable Michel de Montaigne [1533-1592], très bon compagnon. Guide aimable et raisonnable des vieux jours. On peut entendre une voix tranquille dans ses écrits, celle d’un ami intelligent, sensible et bienveillant.

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La traîtrise et la loyauté en compétition serrée

août 29th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #09.

Si l’on étudie, d’un peu plus près que ne le font les ouvrages de vulgarisation, les guerres multiples et variées auxquelles les hommes se sont livrés, on doit constater qu’elles ont été gagnées, ou perdues, autant par la traîtrise que par la loyauté. Il y a là une leçon, radicale, sur l’indifférence générale du monde…

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Détails et distance

août 27th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #05.

On découvre, on appréhende, on comprend par une multitude de détails s’emboîtant les uns dans les autres – ou s’excluant mutuellement, ce qui donne matière supplémentaire à réflexion… Ensuite, on prend du recul, plusieurs fois, pour des vues d’ensemble. On a l’esprit de suite, mais on peut sortir du cadre si nécessaire. Et on recommence tout le processus.

L’intelligence des choses naît ainsi, dans cette double démarche sans cesse répétée, dialectique en définitive : thèse-antithèse, puis synthèse.

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Le poisson et l’oiseau

août 27th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #04.

Le poisson de surface se trouve tout étonné, quand il entend ce que l’oiseau plongeur dit… à propos de l’eau.

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Un bon petit livre

août 25th, 2023

In Pensées pour une saison – Printemps, #01.

Un bon petit livre est un jardin dans la poche du voyageur.

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La persistance de Milou

août 8th, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #69.

Certains animaux, lorsqu’ils tentent de communiquer quelque chose qui leur semble important, à un humain qui ne les prend pas assez au sérieux, peuvent faire preuve d’une extraordinaire persistance.

Une superbe, très sobre et émouvante illustration en est donnée par Hergé à la planche 60 de l’album Les Sept Boules de cristal. Il y représente, en portraitiste animalier, le petit chien Milou, tentant de faire comprendre, à Tintin, qu’il a découvert le chapeau du professeur Tournesol, disparu.

Envers et contre tout, malgré les remontrances et les moqueries, Milou revient à la charge, ne se laissant pas aller au découragement. Enfant, cette séquence m’avait beaucoup marqué.

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Les Études de Chopin

août 8th, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #67.

J’affectionne les Études de Chopin [1810-1849], particulièrement leur interprétation par Maurizio Pollini (1972) et par Nikita Magaloff (1975). Leur sobriété de ton et leur honnêteté musicale donnent pleinement vie à ces merveilles. Sans qu’ils n’usent du moindre artifice dans leur jeu : elles n’en ont nul besoin.

Quelle modestie et quelle intelligence, chez le grand compositeur, d’avoir simplement titré Études de tels chefs-d’œuvre musicaux ! Toutes m’enchantent par leurs ruissellements, mais particulièrement la 23e et la 24e. À la 23e, on se laisse rafraîchir par une petite ondée, et à la 24e on tente de suivre la course d’un ruisseau dévalant.

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Conjonctions

août 7th, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #65.

Mais-ou-et-donc-or-ni-car. Que-puisque-lorsque-si-comme-quand. Deux listes bienheureuses de mon enfance, petits mots de rien du tout mais si puissamment structurants.

Hélas… Depuis les années 1980, les conjonctions de coordination et de subordination se trouvent de plus en plus traitées, même dans la langue française, comme des variantes syntaxiques de la locution adverbiale “ et puis… ” – locution qui aura, elle-même, perdu toute valeur d’introduction d’une nouvelle raison dans le discours !

Résultat de cette dérive langagière : le contenu sémantique des phrases s’en trouve énormément appauvri, jusqu’à la perte de tout sens réel.

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La surveillance n’est plus ce qu’elle était

août 7th, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #63.

 Chut! Ne dites pas ça ! ” – Jeté en coin, un regard de superstitieux… craignant qu’une parole imprudente, de plainte, de joie ou d’optimisme, ne soit guettée par quelqu’entité malveillante. Il est si convaincu de sa propre importance qu’il croit vraiment qu’un tel être, confusément défini et vaguement omnipotent, garde en permanence l’œil sur lui.

Par contre, il sera le dernier à reconnaître que des êtres humains particulièrement malintentionnés, agents de l’État tout puissant ou de corporations géantes, le surveillent bel et bien, par des mécanismes plus ou moins automatisés, dans toutes ses activités traçables ! Et l’attendent au contour, si besoin est…

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La vacuité et le regret

août 7th, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #62.

Depuis une dizaine de minutes, par la puissance de sa vacuité, ce moulin à paroles me pompe littéralement l’air des poumons. Je suis fatigué, je ne dis rien, je subis. Puis son ton change, il se met à évoquer des regrets que la vie lui a laissés. Je l’encourage un peu, peut-être dira-t-il enfin quelque chose d’intéressant, qui sait, peut-être même à la limite de l’existentiel ?

Quelle erreur ! Je n’avais pas saisi la nuance exacte de son ton soudain équivoque… Car il se lance alors dans une énumération… de ses occasions sexuelles manquées !

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