L’harmonie et la mélodie

août 6th, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #60.

La mélodie stimule les sentiments et la pensée, l’harmonie les stabilise, le rythme les renforce. La musique de l’époque baroque italienne me convient particulièrement car, en général, elle évolue élégamment sans ligne mélodique imposante, et se déroule toujours dans le respect de l’harmonie. Par ces deux qualités insignes, elle m’apaise et me tranquillise. À la différence de beaucoup d’œuvres romantiques, dotées souvent de bien belles mélodies, mais par trop présentes, et à l’harmonie parfois approximative.

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Superbes paysages, sagesses millénaires… à décliner au passé

août 6th, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #59.

Asie. Superbes paysages, sagesses millénaires… La beauté et la plénitude sont là. Ou du moins, étaient là… En effet, il s’agit surtout de beaux restes, car la laideur et la folie s’étendent, rapidement, partout sur la planète, y compris dans cette vieille partie du monde. Les paysages sont saccagés, les témoignages de sagesse antique sont souillés.

C’est évident : en général, les humains ne font pas preuve d’amour pour les vestiges anciens de beauté et de sagesse.

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Correctement marcher et parler s’avère toujours nécessaire

août 6th, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #57.

Ceux qui estiment que les nouvelles technologies ont fait disparaître l’utilité à pratiquer correctement une langue… pensent-ils, également, qu’elles ont rendu caduque la nécessité de savoir correctement marcher ?

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Un Paradis vide de tout animal

août 6th, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #56.

Mon indignation (et mon inquiétude !), enfant, quand on m’affirmait qu’il n’y avait pas de place au Paradis pour les animaux, même les plus gentils… Par contre, qu’il y avait un programme spécial de rattrapage, dans une école dite du Purgatoire, permettant aux humains même les plus méchants d’y parvenir, en fin de compte.

Double indignation, double appréhension ! D’avoir à côtoyer là-haut des méchants, certes repentis, mais quand on a un mauvais fond… Et de m’ennuyer pour l’éternité dans un monde sans le moindre animal !

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Une musique pour enfants, une autre pour adultes mûrs

août 5th, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #53.

Les Anglais, les Écossais et les Irlandais ont des traditions populaires d’airs entraînants, que l’on peut siffler. Ils s’avèrent ainsi très doués pour les comptines et les historiettes. Des musiques pour enfants, très réussies.

À l’opposé, il y a les airs profonds, tout intérieurs, subtilement travaillés, des traditions andalouse et castillane : de la musique pour adultes mûrs. Pas du tout la tasse de thé des anglo-saxons…

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La vie et le choix

août 4th, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #51.

Schopenhauer [1788-1860] avait parfaitement raison, on ne peut pas choisir l’orientation de sa vie. Par contre, on ajoutera que l’on peut moduler les moyens par lesquels on réalise celle-ci. On peut aussi choisir de ne pas la réaliser du tout.

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Un monde d’enfer

août 3rd, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #49.

Le monde est bien plus proche de l’enfer qu’il ne l’est du paradis, cela saute aux yeux si l’on y regarde de près. Partout sous le microscope, c’est argiles compacts, pourritures fongiques et monstruosités acariennes, plutôt que cristaux de neige, jolis radiolaires et diatomées opalescentes.

Pour y voir une apparence de paradis, et pour donner à voir cette apparence… il y faut le filtre, délibérément flou, d’un grand peintre impressionniste, animé d’un bon tempérament.

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La musique de l’époque baroque

août 3rd, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #48.

La musique de l’époque baroque, celle venue d’Italie en particulier, n’est pas baroque du tout, à l’opposé de l’architecture. Au contraire, elle est économe de ses moyens et d’une clarté d’expression exemplaire.

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Comprendre, puis accepter l’ordre des choses

août 2nd, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #44.

Depuis ma petite enfance, il m’a fallu des décennies d’efforts opiniâtres pour comprendre la réalité des choses – une réalité dans laquelle l’organisme qui me constituait avait bien de la peine à trouver ses marques… Je n’ai pas beaucoup aimé ce que j’ai trouvé, que ce soit au-dehors ou au-dedans, ou entre les deux…

Aussi, mon autre effort, tout aussi tenace, a-t-il consisté à accepter, avec équanimité, l’ordre des choses.

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La tombe, enseignante

août 1st, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #42.

La tombe la plus proche est une enseignante intransigeante, que les sots qualifient de pessimiste, alors qu’elle est simplement la plus réaliste qui soit.

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Entre la naissance et la mort

juillet 30th, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #38.

Entre la naissance et la mort, on vit quelques fois, mais le plus souvent on agonise.

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Le macaque bon Samaritain

juillet 30th, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #35.

2014.12.21 – En Inde, un macaque a donné, avec persévérance, pendant vingt minutes, des soins de réanimation à l’un de ses congénères, tombé d’un pylône où il s’était électrocuté. Il caresse la victime sans connaissance, la secoue, lui souffle dessus, la mordille, il va jusqu’à la plonger dans l’eau. Ce bain frais réanime enfin l’objet de ses soins.

Lorsque ce dernier reprend ses esprits, le secouriste lui prodigue un dernier petit massage, et puis tranquillement il s’en va…

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Exquise urbanité

juillet 29th, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #32.

Ah, quel bonheur éprouve-t-on à lire des écrits d’une époque où l’on savait user de la langue pour exprimer des nuances de sentiment ou de comportement.

À la première planche de l’album de BD Le Temple du Soleil, Hergé fait, bien joliment, dire à un chef de police péruvien, très gentilhombre : « Vous aurez mal vu… »

L’emploi de ce futur antérieur est une forme délicieuse de politesse ; le passé composé, Vous avez mal vu, plus correct grammaticalement, aurait été moins rond, et il aurait dû être atténué par un adverbe, par exemple probablement, pour conserver au personnage son exquise urbanité.

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Le mouvement perpétuel et l’antipathie spontanée

juillet 27th, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #29.

Il y a les animaux qui ne se meuvent que si le mouvement leur apporte un avantage clair. Il y a ceux qui bougent tout le temps, au cas où… ils furètent, ici et là. Différence de comportement qui, dans la nature, crée des antipathies spontanées.

La même barrière comportementale sépare les humains en deux catégories distinctes, qui se supportent plutôt mal l’une l’autre.

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Le film de l’expression

juillet 27th, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #28.

L’essentiel de l’expression commence par la posture du corps, se poursuit par l’intonation, enfin se confirme par les premiers mots et leur articulation. Le tout en quelques fractions de secondes.

Ils sont rares, ceux qui s’avèrent capables de percevoir in vivo cet enchaînement. Et ils sont nombreux ceux qui ne perçoivent rien… même au ralenti !

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L’ondoyant

juillet 27th, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #27.

Que l’on observe le chat dans ses mouvements ondoyants et élégants, évitant sûrement les obstacles avec une fluidité maîtrisée. Son mental est à l’image de sa gestuelle précise et gracieuse – il est avisé de s’en inspirer.

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La fin des grands totems

juillet 27th, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #26.

Depuis la révolution agricole, plus notamment depuis la révolution industrielle, la plupart des sociétés humaines, lorsqu’elles usent d’une comparaison animale pour qualifier quelqu’un, le font d’une façon péjorative.

Il est bien loin le temps des sociétés primitives où l’on se réclamait, avec fierté, d’un animal sauvage et de ses qualités physiques, morales ou cognitives. L’époque du grand totem de la tribu.

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Un avertissement…

juillet 26th, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #24.

Il faut être prudent lorsqu’on rencontre quelqu’un semblant avoir fait les mêmes choix de vie que soi. Souvent, les raisons en sont très différentes. Même les goûts partagés peuvent répondre à des motivations antipodiques.

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On n’oublie rien

juillet 26th, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #23.

L’acte de création mentale est une parfaite expression de l’asymétrie fondamentale du monde : malgré ses limitations intellectuelles et cognitives, le penseur, ou l’artiste, s’avère quand même bien plus libre dans ce qu’il peut imaginer… que dans ce qu’il peut oublier.

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Le poème comme épiphanie

juillet 26th, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #22.

Soudain, ce qui restait caché se manifeste avec éclat !

Il faut le dire, mais seul le poème s’avère en mesure d’exprimer, un peu, l’indicible, dans sa fulgurance. Le poète écrit alors, mais s’il connaît mal la portée de son œuvre, il connaît sa propre limite. L’écriture d’un poème est une épiphanie d’acceptation – que le monde est étranger à soi, irrémédiablement – et que l’on est ce que l’on est. Une épiphanie dans la beauté rêvée et dans la nostalgie, tout autant rêvée.

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En recherche

juillet 21st, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #13.

Toute ma vie j’ai été en recherche… et je le suis encore. Pas à la recherche de quelque chose, car je n’ai jamais rien eu de très précis à l’esprit, mais bien en recherche. Petit animal calme, mais curieux, toujours en investigation.

J’ai trouvé une foule de choses jolies, intéressantes, aimables, mais en beaucoup plus grand nombre d’autres qui étaient laides, menteuses, malsaines. C’est peut-être cela qu’il y avait à trouver, en définitive : la réalité navrante de ce rapport déséquilibré.

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Insondable mystère…

juillet 19th, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #04.

Pendant trois années, nous avons assisté dans notre rue à un étrange manège. Quel était le secret de ce chat, plus vraisemblablement une chatte, qui emportait presque chaque jour une feuille de platane ?

Elle la transportait triomphalement, en la tenant soigneusement par sa tige. Qu’en faisait-elle, quel sens accordait-elle à cet acte, inattendu pour les observateurs, qu’elle pratiquait avec un sérieux et un bonheur évidents ? Sens du confort amélioré pour son nid ? De la décoration pour celui-ci ? Goût de la collection ? Insondable mystère…

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Écouter les doux

juillet 18th, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #03.

Dans une réunion, ceux aux propos desquels il convient de prêter plus particulièrement attention sont ceux-là qui parlent doucement, sans élever la voix mais sans marmonner pour autant, et qui semblent avoir le regard fixé à trente centimètres de leur nez.

Ces introvertis s’avèrent souvent très concentrés sur ce qu’ils disent, et pas sur l’effet de leurs paroles… Ils ne parlent pas volontiers.

D’habitude, on ne les écoute guère, alors qu’on aurait tout intérêt à le faire, et attentivement… Ils ont vraiment quelque chose à dire, eux.

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De la langue française

juillet 17th, 2023

In Pensées pour une saison – Hiver, #01.

Je laisse souvent mon esprit vagabonder… Je l’arrête parfois et lui demande : « D’où viens-tu? »

Il me répond, invariablement : « De la langue française. Elle m’a conçu, et nourri. »

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