La fin ne justifie pas les moyens

In Pensées pour une saison – Printemps, #82.

Indifféremment de la cause qu’ils sont censés servir, les moyens utilisés forment une question cruciale… et éminemment révélatrice. Aussi, avant même d’interroger le fondement d’une action, ou d’une idéologie, il est souvent très utile d’étudier de près les moyens dont elle use. Éthiquement, certes, mais aussi dans leur qualité opérante. De fait, quel que soit l’objectif déclaré, il suffit de déceler un seul moyen malsain ou cruel pour prédire que le résultat, auquel il contribue intrinsèquement, sera pourri.

Sans aborder l’aspect éthique des fins recherchées elles-mêmes, voici, pour illustrer le propos, quatre exemples de moyens utilisés qui s’avèrent ou se sont avérés assurément malsains.

Pourquoi, exactement, infliger des sévices aussi cruels à ceux-là accusés d’hérésie ou de sorcellerie ? Pourquoi, exactement, massacrer les familles royales et leurs proches, et de ces façons-là, à l’occasion des deux grandes révolutions européennes, la française et la bolchévique ? Pourquoi, exactement, torturer longuement et systématiquement des prisonniers ? Pourquoi, exactement, utiliser des poisons ou des pièges atroces pour faire périr, dans de longues agonies, les loups et les coyotes d’Amérique du nord ainsi que les renards et les chats sauvages d’Australie ? – Parce qu’il le fallait ! Parce qu’il le faut ! entend-on… et puis c’est tout, en définitive.

Cette “ justification ” s’avère indigente… On aura compris que l’honnête homme juge cruels de tels moyens, par là qu’ils ne peuvent, jamais, se justifier éthiquement. On insistera, aussi, sur le fait qu’ils s’avèrent inopérants pour la “ cause ”, en définitive. En effet, que pouvait-il, que peut-il advenir d’un mouvement ou d’une société coupables de tels crimes ? Rien de bon. Ils auront instillé, dans leurs propres esprits, une toxine sournoise.

***

Comments are closed.