In Pensées pour une saison – Printemps, #66.
La démesure narcissique est à l’origine de nombreux monuments, cela va de soi.
Il y a aussi la volonté de rendre hommage. On pense moins souvent à un autre fondement : le remords. Derrière le mausolée du Taj-Mahal érigé pour dame Mumtaz Mahal, derrière les innombrables bâtiments dédiés au jeune Antinoüs (sans oublier les pièces de monnaie émises à son effigie !)… on soupçonne un remords dans l’âme de ces deux empereurs, chez Jahan le Moghol comme chez Hadrien le Romain.
Il est un récit mythique parfaitement démonstratif de cette réalité psychologique. Peu avant son expédition de pillage contre Troie, le roi de Mycènes, Agamemnon, de la maudite famille des Atrides, se révéla, à son habitude, avide et brutal, en poursuivant de ses assiduités un adolescent, Argynnos. Affolé, le malheureux se précipita dans le fleuve Céphise (Khèphisos), où il se noya. Même cette grande brute égoïste d’Agamemnon en conçut alors du remords et, pour se dédouaner, il fit construire sur la rivière un petit sanctuaire, dédié à Aphrodite Argennis.
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